Dispositif de captage (vecteur Ouest).
© Eau de Paris
Le besoin
Comprendre et anticiper les évolutions de la qualité et de la quantité à l’échelle d’un bassin versant alimentant la ville de Paris : c'est l'objectif du projet mené conjointement par Eau de Paris et le BRGM.
Eau de Paris exploite différentes ressources, dans des territoires éloignés les uns des autres. Ces différentes ressources vont vraisemblablement subir les conséquences du changement climatique de diverses façons puisqu’elles se situent dans des contextes climatiques, hydrogéologiques et d’occupation du territoire différents.
Anticiper les évolutions à court et moyen terme (2050) est indispensable pour conduire une gestion pérenne de la ressource, ainsi que pour piloter les investissements nécessaires à l’outil de production. Afin de pouvoir anticiper ces évolutions futures, mais aussi de disposer de clés de compréhension du fonctionnement actuel, une première phase de travaux a été initiée pour un de ces territoires, situé à l’ouest de Paris, dans la vallée de l’Avre. Elle porte sur l’étude de l’hydrochimie, des chroniques de débits des sources et des niveaux piézométriques, ainsi que sur la modélisation de certains de ces signaux.
Les résultats
L’étude combinée des chroniques d’hydrochimie (eaux souterraines et eau de surface), des signaux de piézométrie et de débit a confirmé le caractère karstique d’une grande partie du bassin versant. Les échanges nappe/rivière sont bien mis en évidence, et une augmentation de l’intensité de l’interaction eau/roche est observée en se déplaçant vers l’aval du bassin versant. Basés sur ces observations, plusieurs modèles ont été mis en œuvre :
- Un modèle global, utilisant le logiciel EROS, à l’échelle de l’ensemble du bassin versant. Ce modèle restitue de façon très satisfaisante les évolutions de la piézométrie et des débits des sources et de la rivière ;
- Différents modèles de transfert du nitrate, utilisant le logiciel BICHE ;
- Un modèle en réponse impulsionnelle dédié à la modélisation de la turbidité.
Le modèle EROS, tout comme celui en réponse impulsionnelle, est plus particulièrement adapté à la gestion à court terme de la ressource. Ils soulignent tous les deux le caractère composite des écoulements (dynamique lente associée à la perméabilité de la matrice, écoulements rapides associés à la karstification), et les forts échanges nappe/rivière.
Les éventuels impacts liés au changement climatique ont été évalués sur deux plans : celui de l’évolution de la qualité, en particulier pour le nitrate, et celui de l’évolution de la quantité. Pour ces deux aspects, les scénarios climatiques pour l’horizon 2050, basés sur le 5ème rapport du GIEC, et disponibles sur le portail DRIAS, ont été considérés et injectés dans les modèles EROS et BICHE.
L’analyse des trajectoires modélisées montre en premier lieu la forte incertitude qui entoure les projections à l’horizon 2050. En fonction des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, et des modèles atmosphériques considérés, les prévisions oscillent entre des conditions plus sèches, ou au contraire plus humides, que la période actuelle. En moyenne, pour ce bassin versant en particulier, et pour l’horizon 2050, l’impact du changement climatique ne semble pas modifier de façon significative les conditions actuelles. La forte incertitude entourant ces résultats appelle toutefois à la plus grande réserve quant à leur utilisation.
L’utilisation
Les résultats du modèle EROS sont diffusés dans MétéEauNappes, avec un accès réservé à Eau de Paris, gestionnaire de la ressource, qui va en assurer la diffusion et exploiter les résultats pour garantir la pérennité de la ressource.
Les partenaires
- Eau de Paris
